Le mandat attribuant au groupe AFD la mission de soutenir la structuration des secteurs culturels et créatifs se divise en quatre axes : les infrastructures, la formation, l’entrepreneuriat et les politiques culturelles ; avec à chaque fois le souci de générer et mesurer des impacts. L’AFD utilise à cette fin différents instruments de financements afin de permettre un passage à l’échelle de projets de coopération, mobilisant à l'occasion une expertise française hautement qualifiée. Il s'agit de répondre aux demandes des acteurs internationaux dans de nombreuses disciplines : cinéma, arts visuels, spectacle vivant, musées, éducation physique et sportive…
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Des projets culturels à fort impact économique et social
« Les Industries culturelles et créatives (ICC) sont à la fois un vecteur d’inclusion et un moyen de sensibilisation pour parler des enjeux contemporains. L’art a cette capacité unique à fédérer et mobiliser. Il peut aussi proposer de nouveaux récits collectifs porteurs de sens, pour réinventer et réenchanter le monde en commun de demain », affirme Gaëlle Mareuge, membre de la division Lien social de l’AFD. Un impact notamment établi par un rapport de recherche mettant en avant le rôle joué par les ICC dans la formation des identités collectives en Afrique. Menée dans cinq pays africains durant deux ans, cette étude met en évidence l’importance de ces industries dans la production de liens sociaux et dans l’exercice de la citoyenneté.
Les ICC représentent 3,1 % du PIB mondial et rassemblent 6,2 % des emplois, selon l’Unesco. En structurant ce secteur en Afrique, le groupe AFD vise à le rendre plus attractif. Sa filiale Proparco déploie notamment la facilité Crea Fund, avec le soutien de l'Union européenne : une garantie pour les fonds d’investissement engagés dans les ICC, complétée d’un accompagnement technique.
Sur le terrain, ce mandat se déploie dans des dimensions multiples. En Afrique du Sud par exemple, le projet « Unboxing Mayibuye Archives », mené par le Robben Island Museum avec l’Institut national de l’audiovisuel (Ina), permet de préserver la mémoire de la lutte contre l’apartheid grâce à la numérisation, à la formation et à un site en ligne. « Il faut faire vivre les archives pour se souvenir de la puissance de l’esprit humain et du collectif contre la souffrance », plaide Agnès Chauveau, directrice déléguée à la diffusion et à l’innovation de l’Institut.
Gaëlle Mareuge cite également le Bénin, où l’AFD apporte depuis 2024 un financement budgétaire de politique publique culturelle de 60 millions d'euros. Ce financement contribue à la fois à renforcer la gouvernance du secteur public pour la mise en œuvre de la politique culturelle (ODD 9, 16 et 17), à structurer et professionnaliser la culture pour accentuer sa contribution à la croissance (ODD 4, 8 et 10), et à soutenir la diffusion, la promotion de la culture et l'accès à celle-ci (ODD 1, 4, 5 et 11). « Cet appui budgétaire est unique, car c’est la première fois que nous finançons directement une politique publique dans le domaine de la culture. C’est un outil financier spécifique qui favorise l’appropriation par les partenaires », ajoute Gaëlle Mareuge.
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Sport et culture, deux leviers complémentaires
Culture et sport sont étroitement liés au sein du groupe AFD, car tous deux soutiennent la cohésion sociale, l’emploi et de nombreux Objectifs de développement durable. « Dans ces deux secteurs, nous cherchons à mobiliser tous les acteurs pour créer un effet levier. Le FiCS(sommet Finance en commun) nous permet par exemple de mobiliser les autres banques publiques de développement sur ces sujets », précise Gaëlle Mareuge.
Le sport, en particulier, joue un rôle clé auprès des jeunes dans les pays d’intervention de l’AFD. « Nous croyons fermement au fait que le sport, au même titre que la culture, puisse être un élément de réponse pour accompagner la jeunesse face aux enjeux de développement sociaux, économiques, etc. », abonde Christophe Dias, spécialiste des sujets sportifs au sein de la division Lien social de l’AFD.
En Mauritanie, le projet Jeunesse, culture et sport réhabilite une quinzaine d’équipements pour offrir aux jeunes des lieux de socialisation. L’AFD agit avec les acteurs locaux pour former des animateurs et soutenir la création artistique.
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Mieux vivre ensemble
« À travers le sport, on apprend à jouer ensemble, le sens de la discipline et la solidarité », témoigne Arnaud Assoumani, para-athlète français. Il souligne l'importance de relier infrastructures et vivre-ensemble : « On ne peut détacher les moyens structurels (investir dans des hôpitaux, l’agriculture, l’accès à l’eau…) du fait de questionner ce qui fait que nous arrivons à vivre ensemble. »
Il met en avant Res sportiva, un institut visant à démontrer scientifiquement l’impact social du sport. En tant qu’ambassadeur de Play International, il revient sur ses débuts au Kosovo, où le sport a rapproché d'anciennes communautés adversaires. Ce modèle a ensuite été étendu à d’autres territoires : Angola, Sénégal, Mayotte, Comores, entre autres.
Play International mène aussi des actions de sensibilisation à l’égalité, au handicap et à la diversité. « Il serait erroné d’affirmer que le sport n’a pas d’impact sur le développement. De ce que j’ai pu observer durant mes vingt ans de carrière, le sport est ce qui nous permet de mieux faire société. »