One Health : une approche globale de la santé pour de meilleurs systèmes alimentaires

publié le 25 mars 2025
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One Health
La France accueillera les 27 et 28 mars le sommet Nutrition for Growth (N4G) dont le but est d’inscrire la nutrition dans l’agenda politique de manière pérenne. L’une des principales thématiques de ce sommet : l’approche One Health, qui consiste à penser en triptyque les santés humaine, animale et environnementale.

« Seule une approche One Health nous permettra d’atteindre les Objectifs de développement durable d’ici à 2030 », affirme Jean-Sébastien Conty, directeur adjoint des affaires globales au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, lors d’un évènement organisé par l'AFD au Salon de l’agriculture 2025. En pensant ensemble les santés humaine, animale et environnementale, l’approche One Health est un outil pour penser la transformation de nos systèmes alimentaires.

L’approche One Health

Trois milliards de personnes n’ont pas accès à une alimentation saine et durable, en particulier en Afrique où 1 personne sur 5 était victime de la faim en 2023. Un constat s’impose : nos systèmes alimentaires sont défaillants. Et l’interconnexion entre les trois types de santé (animale, humaine et environnementale) accentue les risques collatéraux. Le changement climatique affecte déjà l’usage des terres, les intrants utilisés en agriculture contribuent à la pollution, l’expansion urbaine accroît les contacts entre les faunes sauvages et domestiques, multipliant le risque de diffusion de maladies…


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« Il existe de multiples conséquences négatives dans ces interdépendances entre climat, biodiversité et santé, explique Thierry Lefrançois, chercheur au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Mais les co-bénéfices sont également nombreux, et c’est dans ce cadre que se positionnent le Cirad et l’AFD, afin de relever les défis du climat et de la biodiversité. » En pensant le sujet de la nutrition tout au long de la réflexion autour de la transformation de nos systèmes alimentaires, de l’approvisionnement jusqu’aux comportements des consommateurs, l’approche holistique One Health entend permettre de maximiser ces co-bénéfices.

Prendre en compte l’approche One Health dans les projets

L’AFD soutient plusieurs projets prenant en compte cette approche. C’est le cas de la construction du barrage de Kaddoussa au Maroc, qui vise à améliorer la résilience et la durabilité du développement agricole dans la plaine de Boudnib, une des régions les plus fortement affectées par les changements climatiques. En promouvant une agriculture irriguée productive et durable, le résultat sera non seulement une amélioration de la qualité des sols, mais aussi des effets positifs sur l’environnement et la santé animale. L’AFD adopte aussi une approche préventive, avec le soutien au réseau de surveillance épidémiologique et de gestion des alertes dans l’océan Indien Sega-One Health.


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Chargé de programme chez Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF), Stéfano Mason a pour mission de concrétiser le concept One Health dans les territoires de la Haute-Casamance, au Sénégal, via le projet Thiellal. Il relève que la forte circulation de populations, d’animaux et de produits chimiques sur ce territoire le rend particulièrement vulnérable en matière de santé. « En arrivant sur le terrain, nous nous sommes rendu compte que 50 % des produits herbicides n’étaient pas homologués. » Face aux risques, AVSF mobilise les acteurs locaux dans des processus de concertation et de sensibilisation afin de traiter durablement ces problématiques de santé.

Lors du sommet Nutrition for Growth (N4G), l’approche One Health sera valorisée afin de penser la transformation des systèmes alimentaires. « Ce sommet sera aussi l’occasion de développer une approche intégrée de la nutrition en tenant compte de la transformation des systèmes alimentaires, mais aussi de la lutte contre le changement climatique, de l'égalité de genre et de l’intelligence artificielle », poursuit Jean-Sébastien Conty, du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Une façon de réfléchir aux différentes problématiques sans les cloisonner.

Des pistes pour lutter contre la malnutrition

La notion de malnutrition englobe à la fois la sous-nutrition et la surnutrition – en 2022, 2,5 milliards d’adultes étaient en surpoids. « Aucun pays n’a réussi à enrayer cette malnutrition, qui est donc un enjeu commun », avance Perrine Geniez, conseillère en nutrition auprès de l’équipe en charge de l’organisation du sommet N4G. 


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Elle met notamment en avant une approche préventive, qui vise à accentuer les financements en matière de nutrition dans les 1 000 premiers jours de la vie d’un enfant (soit un peu moins de trois ans), période la plus cruciale pour sa croissance physique et son développement cognitif. « Investir dans la nutrition présente un potentiel sans équivalent pour créer du capital humain et entraîner de la croissance économique. Il coûte plus cher de ne rien faire que d’agir », explique Perrine Geniez. Un constat qui fait écho aux chiffres de la Banque mondiale : un dollar investi dans la malnutrition génère en moyenne 23 dollars de retour sur investissement.

Cette approche fondée sur la « Période des 1 000 premiers jours de l’enfant » sera l’un des thèmes abordés lors de la conférence du 26 mars 2025, organisée par l’AFD en amont du sommet N4G. En association avec des partenaires de recherche (le Cirad, l’Inrae et l’IRD), l’objectif de cette conférence est de partager les résultats scientifiques les plus récents sur des thématiques essentielles à l’amélioration de la nutrition.


Assister à la conférence scientifique du 26 mars : Le programme du groupe AFD au sommet Nutrition for Growth (N4G)