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Une opération de dépollution des océans.
Alors que la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) se prépare à Nice, en France, du 9 au 13 juin 2025, les différentes escales du navire-laboratoire « Plastic Odyssey » dans l’océan Indien marquent une mobilisation régionale sans précédent dans la lutte contre la pollution plastique.

Malgré les efforts entrepris, les plages de l’Indopacifique se couvrent continuellement de débris plastiques : l’océan Indien est donc devenu le théâtre d’une mobilisation internationale concrète. L’arrivée du navire-laboratoire Plastic Odyssey, fin avril, a ainsi marqué une étape déterminante dans le projet ExPLOI - (Expédition plastique océan Indien), une initiative financée par l’AFD et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), et pilotée par la Commission de l’océan Indien (COI), en partenariat avec l'Institut de recherche pour le développement (IRD).

Une marée de plastique, une urgence structurelle

Chaque minute, c’est l’équivalent d’un camion poubelle de plastique qui est déversé dans les océans. Un chiffre effarant, reflet d’un système mondial de production et de consommation devenu insoutenable. En 2022, 430 millions de tonnes de plastique ont été produites, dont seuls 9 % ont effectivement été recyclés.

À Maurice par exemple, la situation est tout aussi préoccupante : 75 000 tonnes de déchets plastiques terminent chaque année leur course à la décharge de Mare Chicose, avec un taux de recyclage de seulement 4 %. Cette pollution est à la fois visible, sur les plages, et invisible, lorsqu’elle se fragmente en microplastiques, contaminant l’eau, les espèces marines et les chaînes alimentaires humaines.


Le projet ExPLOI : des avancées concrètes dans l’océan Indien

Face à cette urgence, les différentes escales du Plastic Odyssey dans l’océan Indien prennent une dimension clé. Elles s’inscrivent dans le cadre du projet ExPLOI, qui vise trois objectifs fondamentaux :

  • renforcer la connaissance scientifique sur la pollution plastique marine ;
  • sensibiliser les citoyens, en particulier les jeunes, aux enjeux environnementaux ;
  • encourager des initiatives locales d’économie circulaire adaptées aux contextes insulaires.

« Le projet ExPLOI est une aventure humaine et scientifique, mais aussi un message volontariste : oui, des alternatives existent. Et oui, c’est notre devoir de les faire émerger là où les besoins sont les plus pressants », a déclaré Laetitia Habchi, directrice de l’agence AFD de Maurice, lors de la conférence de lancement à Port-Louis.

Plastic Odyssey : laboratoire flottant et catalyseur d’innovation

En collaboration avec une vingtaine d’universités, d’ONG, de chercheurs et d’acteurs locaux, le Plastic Odyssey agit comme un catalyseur d’innovation et de coopération. Au programme : ateliers éducatifs, expérimentations techniques, revalorisation de déchets et rencontres avec la jeunesse mauricienne.

L’éducation et la conscientisation sont nécessaires, mais pas suffisantes

Si la sensibilisation joue un rôle crucial, elle ne suffira pas à endiguer la marée plastique. Une étude récemment menée montre que même une mobilisation citoyenne maximale ne réduirait les fuites plastiques que de 20 %. Le cœur du problème est systémique : 60 % des déchets plastiques proviennent d’emballages à usage unique.

« Face à un océan de plastique, la bonne volonté des citoyens est une barque sans rame. Elle est précieuse, mais insuffisante. La régulation de la production par des réglementations est indispensable », ajoute Laetitia Habchi.


Réguler à la source : une responsabilité collective

Aujourd’hui, la production de plastique repose à 99 % sur des dérivés fossiles et l’industrie pétrochimique est en pleine expansion. Les efforts internationaux pour un traité contraignant, sous l’égide des Nations unies, peinent à avancer. Lors de la session de Nairobi en novembre 2023, les membres de l’Onu ne sont pas parvenus à adopter un texte ambitieux.

Une trajectoire à transformer, ici et maintenant

Les territoires de l’océan Indien veulent pourtant montrer que d’autres trajectoires sont possibles. Des solutions low-tech, locales et reproductibles sont expérimentées grâce à ExPLOI : filières circulaires, implication communautaire, soutien à l’entrepreneuriat vert…

« Le plastique n’est pas une fatalité. C’est une construction humaine. Et ce que l’humanité a fabriqué, elle peut le transformer », explique encore Laetitia Habchi.

Suite à son passage à La Réunion puis Maurice, et en partance pour Madagascar puis les Comores, le Plastic Odyssey porte un message d’espoir mais aussi de responsabilité.