Un pays à genoux, un exode massif de matière grise : le Liban perd ses forces vives en raison de la série de crises qui secouent le pays depuis 2019.
En 2017, l’AFD a mis en place le programme Maharat Li Loubnan (« Compétences pour le Liban », phases 1 et 2), en partenariat avec l'Institut européen de coopération et de développement (IECD) et Semeurs d’avenir, afin de former à l’emploi des personnes précaires, renforcer les petites et moyennes entreprises et contribuer à la réduction des tensions sociales.
Huit ans plus tard, les résultats sont là : plus de 5 000 personnes ont bénéficié de formations qualifiantes, courtes ou longues, et 1 400 entrepreneurs ont été accompagnés via un appui multidimensionnel.
Pour Eddy Nasr, responsable des programmes à l’IECD, le maître mot du programme de formation est clair : l’employabilité. Et cela commence dès l’orientation scolaire, en veillant à la cohérence des cursus avec les besoins du marché et à la qualité des formations.
« Selon des études de marché menées par Euromena, il existe un déficit de main-d’œuvre dans les secteurs suivants : santé, énergie, industrie, restauration, agriculture et construction. Nos projets ciblent donc ces secteurs car ce sont ceux qui offrent de réelles perspectives d’emploi. »
Cette approche s’adapte aux différents types de profils, selon Marc de Kergariou, directeur Liban de l’IECD : « Pour les personnes en situation de décrochage scolaire, nous privilégions des formations courtes, de trois à quatre mois, centrées sur des compétences concrètes et directement mobilisables. Quand ces personnes vont faire une formation d’électricité, l’idée, c’est qu’elles puissent installer un panneau solaire ou gérer un tableau électrique. »
D’autres formations, plus spécialisées, s’adressent à des bénéficiaires diplômés, dans le but de renforcer des filières professionnelles existantes : « Par exemple, chez des infirmiers et infirmières diplômé(e)s, nous avons identifié qu’il leur manquait des compétences précises, notamment en pratique. Nos formations de spécialisation en réanimation, urgences ou pédiatrie viennent ainsi combler ces lacunes et permettent à ces personnes de trouver un emploi dans les hôpitaux publics. »
Le programme s’adresse à un large éventail de bénéficiaires, dont 50 % de femmes et 30 % de réfugiés parmi les participants aux formations courtes : « De nombreuses femmes sont dans des micro-entreprises que nous aidons à développer pour rendre ces femmes autonomes, et leur permettre de subvenir aux besoins de leur famille. Quant aux personnes en situation de handicap, nous nous efforçons dans la mesure du possible de les inclure dans nos projets avec des partenaires locaux spécialisés dans ce domaine. »
Le programme a fonctionné, au fil des années, de manière flexible, afin de pouvoir s’adapter aux nombreuses crises ayant frappé le Liban. Pour Eddy Nasr : « Nous avons traité les crises l’une après l’autre en cherchant à chaque fois des solutions adaptées. »
Une collaboration fructueuse avec l’AFD, comme l’atteste son directeur au Liban, Jean-Bertrand Mothes : « La France, à travers l’AFD, s’engage depuis plusieurs années à soutenir des programmes de formation professionnelle. Nous croyons fermement que la formation adaptée aux réalités du marché est l’un des piliers d’un développement économique durable et inclusif. Nous restons pleinement engagés à poursuivre ce travail aux côtés de nos partenaires, pour que chaque parcours professionnel devienne une opportunité de résilience et d’avenir. »
Avec toujours le cap fixé sur la pérennité : « Nous essayons toujours d’anticiper la fin du projet. Lorsque nous créons une formation spécifique dans le cadre d’une école technique, par exemple, nous allons fournir de l’équipement, ainsi que des référentiels de formation qui sont validés en curriculum, explique Marc de Kergariou. Nous transférons tout un savoir-faire, aussi bien en formation que dans le contenu et dans l’équipement nécessaire. Ainsi, cette école technique va perdurer quand nous ne serons plus là. »