
Contexte
Dans de nombreux pays africains, les personnes âgées représentent une proportion encore très faible de la population (3% de la population des pays subsahariens et 5,6% des pays d’Afrique du Nord). Elles ont longtemps été laissées de côté par les politiques publiques, portées par les besoins les plus criants du développement économique, social et sanitaire, centrées sur les enfants et les jeunes adultes.
Cependant, la population âgée augmente – en nombre, mais aussi bientôt en proportion, avec un vieillissement à venir plus rapide qu’ailleurs. L’enjeu est donc de définir et de mettre en œuvre des politiques publiques adaptées pour accompagner cette tendance démographique, notamment en matière de santé et de protection sociale. De fait, l’extension des modes de couverture et de protections émergent et/ou s’imposent (tels les cash transfers), en complément des solidarités familiales des systèmes de santé et de soins gratuits pour les personnes âgées, l’extension de la couverture des systèmes de pension et de retraite dits universels et plus largement des systèmes de soutien privés sur lesquels doivent se reposer la plupart des personnes âgées du continent.
Objectif
Ce projet de recherche propose un cadrage du vieillissement de la population et des politiques publiques mises en place sur le continent africain, dans une perspective comparative. Il analyse le processus de vieillissement, ses enjeux, les politiques publiques qui l’accompagnent et le cadre institutionnel des différents pays, en se focalisant sur des cas-pays emblématiques de situations différentes (Afrique du Sud, Cameroun, Cap-Vert, Kenya, Maroc, Sénégal). Il développe aussi des analyses ciblées sur des données récentes, illustrant l’apport de la démographie sur le thème de la santé et de la protection sociale (retraite) des personnes âgées.
Ce projet débouche sur un état des lieux précieux pour les décideurs dans les pays partenaires de l’AFD, qui contribuera à une réflexion plus globale sur les conditions de réplicabilité ou non de différents modèles de politiques publiques sur le continent africain.
Méthode
Le projet s’appuie sur l’analyse comparative de données démographiques secondaires (provenant de sources existantes : documents de recherche, rapports, littérature scientifique…) qui, en présentant les trajectoires différenciées des transitions démographiques, dresse un panorama du vieillissement (temporalité et contextualisation) et de ses enjeux en termes de politiques publiques, nationales mais aussi locales. Sont mises en lumière les variations régionales, nationales et infranationales du vieillissement, de manière à identifier les régions les plus avancées dans ce processus et/ou en proie au changement le plus rapide.
Des focus sur quelques pays emblématiques de situations différentes permettent une revue critique systématique selon les axes suivants : présentation socio-sanitaire et démographique ; description du cadre institutionnel et des politiques publiques ; analyse critique des enjeux socio-sanitaires du processus de vieillissement ; les enjeux du vieillissement sur les transformations des familles elles-mêmes (effets sur les transferts, sur les migrations, sur l’activité des femmes…).
Résultats
Le projet de recherche a abouti à :
- La publication du papier de recherche « L’Afrique face au vieillissement annoncé de sa population : quels enjeux pour les des politiques publiques ? » (juin 2024)
- La publication « Améliorer le suivi sanitaire des personnes âgées en Afrique subsaharienne » (avril 2024), dans la collection Question de développement
- La publication « Statistiques sanitaires des personnes âgées en Afrique subsaharienne : revue de littérature » en Série grise
En juillet 2023, un webinaire du cycle « Conversations de recherche » avait permis de présenter les premiers résultats du projet :
Enseignements
L’Afrique est appelée à faire face au vieillissement annoncé de sa population. Le premier défi est assurément l’extension du taux de couverture sociale, qui est actuellement le plus faible au monde : 17% de la population est couverte. Ce taux s’explique en partie par l’importance de l’économie informelle, qui ne permet pas le réel développement d’un système contributif de protection sociale, plus particulièrement en zone rurale. Il est désormais question de consolider les politiques publiques permettant de favoriser l’extension de la protection sociale à une plus grande part de la population, aussi bien dans les zones rurales qu'urbaines.
Cependant, l’évolution des systèmes de protection sociale (santé et retraite) repose sur quelques piliers encore très incertains et qui ont été autant de préalables à leur expansion :
- D’une part, le bon recouvrement et utilisation des recettes fiscales pour le financement de la protection sociale ;
- D’autre part, un plus grand couplage entre couverture retraite et couverture maladie semble important à promouvoir ;
- Et, enfin, la croissance soutenue d’un mode de développement qui (historiquement industriel et manufacturier) a permis la mise en place de ces politiques publiques.
Or, sur le continent africain, ce modèle économique générant du salariat formel ne s’est pas développé. De plus, les effets du changement climatique font émerger des questionnements sur ce modèle de développement, rendant encore plus aigüe la difficulté à penser et développer les politiques publiques du vieillissement, au moment où elles s’avéreront de plus en plus nécessaires.
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Ressources liées
L’Afrique face au vieillissement annoncé de sa population
Publié le 25 juin 2024

Comment améliorer le suivi sanitaire des personnes âgées en Afrique subsaharienne ?
Publié le 29 avril 2024
Statistiques sanitaires des personnes âgées en Afrique subsaharienne : une revue de littérature
Publié le 2 octobre 2024

Contexte
L’Afrique du Sud est l’un des plus gros émetteurs de GES, en raison de sa forte dépendance au charbon pour l’essentiel de ses besoins énergétiques. Le gouvernement sud-africain est conscient du fait que passer de technologies à forte intensité de carbone à des modes de production plus durables signifie que certains emplois seront détruits et que de nouveaux emplois seront créés. L’une des préoccupations des décideurs est donc de s’assurer que la transition sera juste et qu’elle n’exacerbera pas les inégalités existantes.
L’Afrique du Sud aborde ce débat sur la transition des emplois en étant confrontée à un triple défi : le chômage élevé persistant, les inégalités et la pauvreté. Cette situation s’est aggravée depuis la crise financière de 2007-2008 et a été exacerbée par la pandémie de Covid-19. Cela vient compliquer les discussions autour de la transition sociale optimale vers une économie verte.
Ce projet fait partie d’un programme de recherche plus large sur la transition juste en Afrique du Sud, mené avec plusieurs centres de recherche sud-africains et en collaboration étroite avec le gouvernement sud-africain.
A lire aussi : Recherche sur les inégalités
Objectif
Le projet étudiera le marché du travail sud-africain dans le but d’identifier la proportion et la répartition des travailleurs entre emplois « verts » et emplois « bruns » – autrement dit, entre les emplois qui sont compatibles avec la transition écologique et ceux qui ne le sont pas. Il examinera également les possibilités de transition de la main-d’œuvre des emplois bruns vers les secteurs à faibles émissions.
Méthode
Nous mesurerons l’intensité verte des emplois, entendue comme la part de tâches « vertes » dans une profession. Nous déterminerons également la proportion de travailleurs occupant des emplois verts à l’aide des données sur l’emploi tirées d’enquêtes, comme les enquêtes trimestrielles sur la population active (Quarterly Labour Force Surveys - QLFS) et le recensement. À l’aide d’informations sur les émissions de GES, recueillies au niveau des industries, nous irons plus loin pour identifier les professions plus susceptibles de se trouver dans des secteurs très polluants que dans n’importe quel autre secteur. Ces professions seront appelées « emplois bruns ». Ensuite, nous utiliserons les informations sur les tâches, les compétences et les connaissances professionnelles de la base de données O*NET afin d'identifier les compétences importantes pour les emplois bruns et verts. Cela nous permettra d'estimer la probabilité de transition des travailleurs vers les emplois verts. Enfin, pour cartographier la localisation des emplois verts, nous utiliserons des informations sur l'emploi provenant du recensement, de l'enquête communautaire (community survey) et des données fiscales géo-localisées.
Contact :
- Anda David, chargée de recherche, AFD

Contexte
En octobre 2020, la Présidence sud-africaine a lancé un plan de reconstruction et de relance économique pour répondre aux impacts économiques de la pandémie de Covid-19. Outre le programme présidentiel de stimulation de l’emploi, ce plan comprenait des mesures de protection sociale d’urgence, parmi lesquelles une subvention spéciale Covid-19 – la Social Relief of Distress Grant (SRD) –, qui garantissait 350 rands par mois aux chômeurs non couverts par une autre forme de soutien. Le gouvernement sud-africain cherche maintenant à développer des options pour l’avenir de la SRD.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l'Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités (FRI). Coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne, l’Extension de la Facilité contribuera à l’élaboration de politiques publiques visant la réduction des inégalités dans quatre pays (Afrique du Sud, Mexique, Colombie et Indonésie) sur la période 2021-2025.
Objectif
Ce projet a pour objectif de formuler des recommandations motivées sur la façon dont la SRD devrait être conçue sur le long terme, afin de maximiser l’impact de cette subvention sur l'emploi et de s’assurer qu’elle réduit utilement la pauvreté, tout en maintenant son coût à un niveau acceptable :
- Pour maximiser l’impact de la subvention sur l’emploi, le projet doit comprendre comment concevoir et présenter la subvention pour encourager son utilisation pour la recherche d’emploi.
- Pour que la subvention réduise efficacement la pauvreté, le projet doit trouver le moyen le plus économique de cibler et d’évaluer l'éligibilité des demandeurs. En outre, la réduction de la pauvreté peut être intensifiée en déterminant des mesures susceptibles d’encourager le recours à la subvention par les plus défavorisés.
Une fois ces objectifs atteints, et afin d’éclairer la prise de décision publique, ces conclusions devront être communiquées à un certain nombre de parties prenantes au sein du gouvernement et de la société civile.
Ce projet fait partie d’un programme de recherche plus large mené avec plusieurs centres de recherche sud-africains et en étroite collaboration avec la Présidence sud-africaine. Quatre autres projets de recherche analysant les externalités de la politique de relance Covid-19 sont actuellement en cours dans le cadre du premier pilier des activités de l’Extension de la Facilité de recherche en Afrique du Sud.
Méthode
Ce projet de recherche réutilise le modèle généré pour effectuer l’évaluation de l’incidence fiscale 2014‑2015, avec des données mises à jour pour 2019‑2021. Il simule cinq scénarios autour des critères d’éligibilité, des mécanismes de ciblage, de la valeur, du modèle de décaissement et des conditionnalités et calcule l’impact potentiel sur la pauvreté et les résultats en matière d’emploi.
Résultats
Vous trouverez ci-dessous le papier de recherche lié à ce projet :
Contact :
- Anda David, chargée de recherche à l'AFD