
Contexte
Particulièrement exposée aux effets du changement climatique et à la dégradation des ressources naturelles, la Colombie renforce sa politique climat, envisageant véritablement une stratégie de croissance verte notamment depuis le Plan national de développement 2014-2018. Néanmoins, la dépendance du pays aux exportations de matières premières et sa forte intégration dans les marchés financiers internationaux impliquent des vulnérabilités monétaires, financières et commerciales.
L’AFD soutient la Colombie dans sa lutte contre le changement climatique par le biais du projet GEMMES Colombie, inscrit depuis 2018 dans le cadre du troisième prêt de politique climat. Le programme GEMMES, en intégrant l’impact du changement climatique dans ses prévisions, développe d’une part un modèle théorique général, et d’autre part des modèles nationaux appliqués à des cas concrets et adaptés aux caractéristiques de chaque pays, dont le modèle GEMMES Colombie.
EN SAVOIR PLUS SUR LE MODELE GEMMES
L'AFD et les outils de modélisation macroéconomiques pour la transition écologique
Objectifs
Le projet GEMMES Colombie, qui répond à l’engagement de l’AFD en faveur d'une soutenabilité forte, a pour but de :
- Mettre en lumière les éventuelles fragilités de l’économie colombienne par une meilleure compréhension des interactions entre les politiques fiscales, monétaires et commerciales et les objectifs de la CDN du pays ;
- Identifier les opportunités générées par la transition énergétique en Colombie : changements structurels et modes de financement dans les meilleures conditions possibles ;
- Quantifier les impacts macroéconomiques des investissements concernant la CDN, en particulier dans les secteurs de la finance et de la fiscalité ;
- Promouvoir le dialogue de politiques publiques autour de la transition énergétique colombienne :
- En fournissant un outil d'aide à la décision destiné aux décideurs au sujet des politiques climatiques, en vue de limiter les conséquences identifiées sans compromettre la mise en oeuvre des objectifs CDN de la Colombie ;
- En favorisant l’appropriation et pérennisation de l’outil de modélisation GEMMES au sein des institutions partenaires.
A lire aussi : Diego Guevara : « Nous ne pouvons pas viser un développement soutenable sans les ressources nécessaires »
Méthode
Outre son approche transdisciplinaire spécifique qui fait de ce projet l’un des rares intégrant la notion de soutenabilité forte, l’originalité de GEMMES réside dans sa prise en compte des déséquilibres macro-financiers et de l’impact de la transition bas-carbone sur tous les éléments de la balance des paiements.
De plus, GEMMES Colombie s’inscrit dans une démarche partenariale en deux phases :
- Développer le modèle et l’analyse macroéconomique de la trajectoire CDN colombienne en partenariat avec le département national du Plan (DNP) et le ministère des Finances (MHCP) soutenu par les équipes de modélisation de l’AFD ;
- Assurer la pérennité du projet après la fin du soutien de l'AFD, à la fois par la réalisation par l'Université nationale de Bogota (UNAL) de l’analyse des interactions entres politiques commerciales, fiscales et monétaires et la trajectoire NDC, et par la formation des étudiants au développement durable avec le cours Catedra, ainsi qu’à l’approche méthodologique GEMMES.
Résultats
Le modèle GEMMES Colombie, enrichi par l'expertise académique et intégré dans les processus décisionnels grâce aux ministères locaux, est devenu un outil clé pour le dialogue de politiques publiques sur la transition énergétique :
- À la demande des autorités colombiennes, GEMMES a été ajouté aux modèles macroéconomiques du MHCP en 2023 et a été couplé au modèle énergétique Energyscope, un outil d’évaluation et de planification énergétique. L’appropriation du modèle s’est poursuivi est 2024 avec une formation exécutive sur l’utilisation du modèle dispensé aux fonctionnaires du MHCP.
- Ces échanges se poursuivent grâce au comité stratégique GEMMES, composé du ministère des Finances et du Crédit public (MHCP), du département national du Plan (DNP), du ministère des Mines et de l'Energie (MME) et du Banco de la República.
EN SAVOIR PLUS
Colombie : un outil clé pour mener la transition énergétique
Par ailleurs, les travaux de recherche ont débouché sur un ouvrage collectif lancé en juin 2024, présentant les conclusions scientifiques et les recommandations politiques tirées du projet : Modelling low-carbon transitions in Colombia: Macrofinancial opportunities and risks
Ces travaux ont conduit au lancement d’un nouveau projet : la création de PowerShift, un jeu de stratégie destiné à soutenir le dialogue multi-acteurs autour de la CDN en Colombie.
Découvrez les témoignages des acteurs du projet
Les premiers résultats du projet avaient été présentés lors du congrès virtuel « Conexión DNP » les 2 et 3 décembre 2021. Les partenaires avaient exprimé leur satisfaction, et le MHCP avait montré un intérêt pour la modélisation après une année de travail à distance due à la crise sanitaire.
En mars 2022, un cours sur le développement durable, basé en partie sur les résultats de GEMMES Colombie, a été lancé à l'Université nationale de Colombie (UNAL). Dans la continuité de cette initiative, un second cours sur la modélisation des transitions écologiques dans les pays du Sud a été dispensé en 2023.
Enseignements
Le modèle GEMMES Colombie, en élaborant des scénarios sur les exportations de combustibles fossiles et des politiques alternatives pour la période 2023-2050, ainsi que des scénarios de financement de la trajectoire CDN, contribue à éclairer les décideurs dans leur stratégie politique de lutte contre le réchauffement climatique. Le modèle a par ailleurs permis au département national du Plan (DNP) d’analyser les conséquences des chocs économiques comme la perte de la qualité d’investissement du pays, la réduction des exportations de charbon ou encore la faillite d’Evergrande en Chine.
Il en ressort un constat clair : une diversification de la structure de production et une transformation des finances publiques est essentielle pour que la Colombie puisse répondre aux défis d'une transition bas-carbone mondiale et assurer sa propre transition énergétique. Le modèle GEMMES souligne l’importance du recours à une combinaison d’investissements privés et d’obligations vertes publiques en vue de financer l’ambition climatique de la Colombie.
Pour en savoir plus, retrouvez les papiers de recherche, l'ouvrage collectif et la brochure de synthèse des recommandations ci-dessous.
Aller plus loin
- Papier de recherche | Can Colombia cope with a Global Low Carbon transition?
- Papier de recherche | Low-carbon transition and global macroeconomic vulnerabilites: A multidimensional approach in tracing vulnerabilities and its application in the case of Colombia
- Ouvrage | Modelling low-carbon transitions in Colombia: Macrofinancial opportunities and risks
- Recommandations | Comprendre les vulnérabilités et les opportunités liées à la transition bas carbone en Colombie
Découvrir d'autres projets GEMMES
- En savoir plus sur GEMMES Côte d'Ivoire : concevoir un outil de la transition énergétique soutenable

Contexte
Concevoir des politiques de développement en accord avec les principes de soutenabilité forte représente un enjeu complexe du fait des tensions pouvant exister entre différents Objectifs de développement durable (ODD). La volonté d’intégrer 42% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique ivoirien d’ici 2030 nécessite donc une réflexion sur les trajectoires soutenables de développement envisageables, un sujet au cœur du projet GEMMES Côte d’Ivoire.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de travaux de modélisation qui intègrent les dynamiques climatiques, tant adaptation que atténuation, dans les prévisions macroéconomiques, afin d’éclairer les choix de politiques publiques en la matière. L’AFD développe d’une part un modèle théorique général, et d’autre part des modèles nationaux appliqués à des cas concrets et adaptés aux caractéristiques de chaque pays, dont le modèle GEMMES Côte d’Ivoire.
Cette collaboration entre l’AFD, le ministère du Plan et du Développement de Côte d’Ivoire et Mines ParisTech est l’un des volets du mémorandum de dialogue stratégique, qui vise à développer les activités de recherche, leur diffusion, ainsi que leurs synergies avec les politiques publiques.
Objectif
Le projet GEMMES Côte d’Ivoire vise d’abord à mieux comprendre les interactions existant entre économie et aspects socio-écologiques : il s’intéresse aux impacts macroéconomiques de la transition énergétique ainsi que leur capacité à créer des conditions favorables à la réduction de la pauvreté.
L’une de ses spécificités est qu’il a pour but de favoriser le dialogue au sujet de la transition écologique entre monde de la recherche et décideurs politiques, tant à une échelle nationale qu’internationale. GEMMES Côte d’Ivoire aspire à proposer un outil facilitant la prise de décision politique proposant des trajectoires de transition en faveur du climat. Il pourrait alors permettre de fournir des éléments contribuant à la définition d’une stratégie de transition énergétique à l'horizon 2050, en accord avec les objectifs de la Côte d’Ivoire en matière de réduction de la pauvreté et de climat.
Plus largement, GEMMES Côte d’Ivoire participe à la consolidation du positionnement de l’AFD en tant qu’interlocuteur au sujet de la transition bas carbone et de la soutenabilité forte.
Méthode
GEMMES Côte d’Ivoire développe une approche multidimensionnelle et transdisciplinaire centrée sur les effets de la transition énergétique. Le projet repose sur des exercices de modélisations, à la fois technico-économiques du système énergétique telles que développées par Mines ParisTech, et macroéconomiques, élaborées par l’AFD et le think tank ivoirien CAPEC.
Le cadre méthodologique de GEMMES a été adapté pour répondre aux caractéristiques de l’économie ivoirienne. Une attention particulière a été apportée à la stabilité de la balance commerciale et la dette publique. Par ailleurs, le couplage entre le modèle énergétique et le modèle macroéconomique permet de percevoir les interactions entre les dynamiques de transition énergétique et la stabilité macro-financière. Ce couplage des deux modèles permet en outre de mettre en exergue les gains liés à une transition énergétique ambitieuse en termes de soutenabilité extérieure et en termes d’emplois.
Résultats
Trois scénarios quantifiant les effets macroéconomiques de la transition énergétique sur le long terme ont pu être établis. Il en résulte que le développement d’énergies renouvelables pourrait réduire le coût de production moyen de 20% selon certains scénarios, notamment par le biais d’un investissement accru dans le secteur des batteries solaires.
Le développement de ce secteur génèrerait par ailleurs des impacts socio-économiques positifs, concernant la croissance, l’emploi et la balance commerciale, tandis que l’augmentation de capacité de production de bioélectricité améliore le revenu de 4 millions de personnes en milieu rural. Cet environnement est alors plus favorable au déploiement de politiques spécifiques de lutte contre la pauvreté.
Enseignements
GEMMES Côte d’Ivoire permet d'envisager la transition énergétique non pas comme antinomique des objectifs de réduction de la pauvreté, mais bel et bien comme vectrice d’effets socio-économiques et environnementaux positifs.
L’importance accordée au dialogue entre mondes académique et politique, qui constitue l’une des spécificités de ce projet, en fait un moyen de promouvoir la soutenabilité forte auprès des décideurs politiques. GEMMES Côte d’Ivoire a ainsi fourni au gouvernement ivoirien des modèles mettant en évidence les opportunités et les contradictions au sein de la trajectoire du pays entre les différents choix énergétiques possibles, les accords environnementaux à prendre en compte et les conséquences financières de chaque scénario.
Contact :
- Antoine Godin, économiste à l'AFD, responsable de la cellule de modélisation macroéconomique GEMMES

Contexte
Si des progrès importants en matière d’accès à l’éducation ont été observés depuis les années 2000 au Sahel, des défis importants restent à relever en termes d’accès, de qualité de l’enseignement ou encore de réduction des inégalités (entre filles et garçons, entre milieu urbain et rural…).
Dans ce contexte, de nombreux enfants en âge scolaire sont pris en charge par une offre éducative adossée à la religion musulmane, généralement arabophone. Très ancrée dans de nombreuses sociétés, cette offre dite « arabo-islamique » est multiforme : elle couvre un continuum qui va d’unités familiales très informelles et aux contenus exclusivement confessionnels, à des établissements formels plus ou moins intégrés à l’offre publique, en passant par des formes intermédiaires, et évolutives dans le temps. Il s'agit d'un système éducatif largement répandu, et d'une réalité qui ne peut pas être ignorée dans l’élaboration des politiques publiques locales.
A lire sur The Conversation
Objectif
La finalité de cette étude est de contribuer à la production de connaissances actualisées et pertinentes sur l’éducation arabo-islamique au Sahel, phénomène complexe, très ancré et diffus dans les sociétés sahéliennes mais qui reste un angle mort de la recherche et des politiques publiques. Ce projet a aussi pour objectif d’informer les décideurs des pays sahéliens et les différents bailleurs sur ce phénomène, en vue de les doter de clés de lecture nécessaires à la conduite de politiques publiques.
En effet, la connaissance de l’éducation arabo-islamique sous ses différentes formes est une condition préalable à toute intervention, qu’il s’agisse d’encadrer les pratiques jugées les plus discutables, de favoriser la prise en compte de cette offre dans les politiques d’éducation et de formation professionnelle ou d’appuyer une offre éducative qui peut s’avérer particulièrement pertinente en situation de crise, notamment sécuritaire.
Méthode
Première recherche d’envergure sur l’éducation arabo-islamique à l’échelle des six pays sahéliens, le projet EDUAI a été conduit par une équipe pluridisciplinaire et plurinationale, coordonnée par le Dr Hamidou Dia de l’IRD.
Ce projet a pris appui sur des inventaires extensifs (inventaire des recherches, de la littérature grise, des structures et institutions, des données quantitatives et de la presse), ainsi que sur des enquêtes de terrains et des entretiens auprès des différentes catégories d’acteurs de l’EDUAI. Plusieurs ateliers de recherche et moments d’échange avec les parties prenantes ont permis de mettre en débat les résultats et d’alimenter l’élaboration des rapports pays et de la synthèse, rédigés suivant un canevas commun afin de faire émerger les éventuelles analogies, voire d’identifier les phénomènes de portée transnationale ou régionale.
Résultats
L’étude confirme le dynamisme de l’éducation arabo-islamique au Sahel, qui se manifeste notamment par un renouvellement des publics. On observe ainsi une féminisation des écoliers – au Tchad et au Niger, plus de 50% des élèves sont des filles –, et la présence accrue des classes moyennes. La réémergence des universités arabo-islamiques dans certains pays (notamment au Niger et au Mali) montre aussi ce dynamisme.
L’étude souligne la diversité des ressources finançant l’EDUAI, qui varient largement d’un pays mais aussi d’une école à l’autre. Selon le contexte, l’importance des ressources provenant de l’étranger donne un poids important aux acteurs et aux dynamiques étrangères dans l’évolution de l’EDUAI.
L’étude montre aussi que le positionnement de cette offre vis-à-vis de l’État varie en fonction des acteurs, courants, modes d’intervention et modes de financement. Selon les types d’offre, les milieux de résidence ou les profils des élèves, l’éducation arabo-islamique peut être complémentaire de l’éducation classique ou s’y substituer, ce qui est le cas notamment dans les régions où les services publics sont déstabilisés.
Vous trouverez ci-dessous les différents papiers de recherche liés à ce programme de recherche :
- Rapport de synthèse du projet Education arabo-islamique au Sahel
- Etat des lieux de l'EDUAI au Niger
- Etat des lieux de l'EDUAI au Sénégal
- Etat des lieux de l'EDUAI au Tchad
- Etat des lieux de l'EDUAI en Mauritanie
- Etat des lieux de l'EDUAI au Burkina Faso
- Etat des lieux de l’EDUAI au Mali
- « Les institutions d’éducation islamique au Sahel : entre développement communautaire privé et desseins hégémoniques des systèmes scolaires étatiques »
Un webinaire de la série Conversations de recherche a été organisé en septembre 2022 et peut être revisionné en replay (ci-dessous).
Enseignements
Cette étude confirme l’existence d’une offre éducative plurielle et évolutive, avec l’émergence, au cours des dernières décennies, de nouveaux formats, poussant parfois vers une modernisation de l’éducation, parfois vers un retour aux traditions, avec des tensions entre les acteurs de l’EDUAI et/ou des divisions intra-nationales importantes autour des questions religieuse et linguistique.
Le positionnement de cette offre vis-à-vis de l’Etat et des institutions varie en fonction des acteurs, courants, modes d’intervention et modes de financement. Dans certains pays, les tentatives de réformes par l’Etat ont fini par cristalliser les tensions et entériner la dualité du système. Néanmoins, l’essor et le dynamisme de cette offre éducative dans la région plaident pour que l’on explore plus en profondeur les possibilités d’établir des passerelles avec l’enseignement séculier.
Mettant en lumière la diversité de cette offre éducative et des acteurs qui la portent, le projet permet d’en améliorer la compréhension et de guider la prise de décision de l’AFD, de ses partenaires sahéliens ou des bailleurs, à un moment où l’EDUAI devient pour eux un champ d’intervention à part entière.
Contacts
- Dr Hamidou Dia, socio-anthropologue, chargé de recherche à l'IRD
- Linda Zanfini, chargée de recherche à l'AFD
A lire aussi

Contexte
Depuis plusieurs décennies, la ville de Clermont-Ferrand représente un pôle de compétences en économie du développement reconnu au niveau français et international, grâce aux activités de recherche de la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (FERDI) et à une offre de formation qui cible notamment les cadres et les futurs décideurs des pays du Sud, dispensée par la FERDI et le Centre d’études et de recherches sur le développement international (CERDI) depuis 1976.
Ce pôle sera désormais renforcé grâce à la présence du Global Development Network (GDN), organisation internationale ayant pour mission le renforcement des capacités de recherche dans les pays du Sud. Celui-ci a souhaité implanter une antenne à Clermont-Ferrand pour bénéficier du contexte dynamique de la ville et orienter davantage ses activités vers l’Afrique.
Via l’AFD, l’Etat français soutient les activités de recherche, de formation et de renforcement des capacités de recherche des acteurs du pôle, dont la proximité permettra de consolider l’écosystème d’expertise local et développer des synergies au bénéfice de leurs partenaires du Sud.
EN SAVOIR PLUS SUR...
Objectif
Ce projet poursuit trois objectifs complémentaires :
- Soutien à la création à Clermont-Ferrand d’une antenne du GDN, pour lui permettre de poursuivre depuis la France ses activités phares (comme sa conférence annuelle « Global Development » et le blog Global Dev) et de lancer un programme ambitieux alliant des diagnostics des systèmes de recherche et des activités de renforcement des capacités de chercheurs et institutions de recherche d’Afrique francophone ;
- Appui aux activités de recherche de la Ferdi, pour lui permettre de gagner en visibilité et en influence sur les questions liées au développement durable ;
- Renforcement des activités de formation de la Ferdi en partenariat avec l’Université Clermont-Auvergne en faveur des cadres et futurs décideurs des pays du Sud, dont le parcours « Maîtrise d'ouvrage pour le développement » (Modev) mis en œuvre avec le Campus groupe AFD, ainsi que des activités de formation complémentaires.
Résultats
Les impacts attendus du projet sont :
- Pour les acteurs du Pôle clermontois : renforcement de l’influence et du rayonnement du PCDI et de ses acteurs, leur permettant de se positionner comme référence sur les questions de développement dans les débats nationaux et internationaux afin d’« influencer les politiques mondiales, soutenir les solutions locales » ;
- Pour les partenaires du Pôle au Sud, notamment en Afrique francophone :
- Amélioration des compétences des cadres bénéficiaires des formations (femmes et hommes) en matière de gestion des politiques et projets de développement ;
- Renforcement des capacités de recherche des chercheurs et chercheuses et des institutions partenaires au Sud sur les questions de développement durable, ainsi que de leurs capacités à participer au débat public ;
- Développement et/ou consolidation des réseaux de chercheurs/chercheuses et d’apprenants/apprenantes dans les pays bénéficiaires ;
- Amélioration du dialogue de politiques publiques, pour que l’élaboration des politiques de développement dans les pays partenaires de l’AFD bénéficie des éclairages d’une recherche ancrée localement.
Le Pôle clermontois a été officiellement inauguré en avril 2024 à Clermont-Ferrand.
Aller plus loin
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Contexte
Densément peuplé et de faible élévation, le littoral du golfe de Guinée est particulièrement exposé à l’érosion et à la hausse du niveau marin. Les zones côtières de cette région expérimentent déjà des taux d’érosion alarmants, avec un recul du trait de côte de 1 à 15 mètres par an, un phénomène principalement dû aux activités humaines qui perturbent les dynamiques sédimentaires. A moyen et long terme, les populations et écosystèmes du littoral sont également exposées aux risques d’inondations accrues ou de submersion en raison de la hausse du niveau marin causée par le changement climatique. Cette hausse du niveau marin pourrait atteindre plus d’un mètre d’ici 2100, menaçant les millions de personnes vivant dans les zones côtières à moins de 2 mètres d’élévation – or ce risque est assez peu étudié dans la région.
Par ailleurs, afin d’évaluer correctement les risques associés à la montée des eaux, il est indispensable de tenir compte des éventuels mouvements du sol lui-même. Lorsque le sol s’enfonce progressivement, on parle de subsidence. C’est un phénomène important à l’échelle mondiale, notamment dans les mégapoles côtières et les deltas : 51 à 70% de la montée des eaux expérimentée actuellement par les populations côtières serait en réalité causée par la subsidence. Les taux de subsidence les plus importants observés à travers le monde, qui peuvent atteindre plusieurs centimètres à dizaines de centimètres par an sont généralement dû à une surexploitation des eaux souterraines. Si le problème est bien identifié dans certaines zones, il reste globalement sous-quantifié, y compris dans le golfe de Guinée.
A lire sur The Conversation : Montée des eaux et affaissement des sols, une double menace pour les régions côtières du golfe de Guinée ?
Objectif
Le programme de recherche ENGULF a pour objectif de mieux évaluer l’exposition des zones côtières du golfe de Guinée à la montée relative du niveau marin, c’est-à-dire la combinaison de la hausse absolue causée par le changement climatique et de la perte d’altitude causée par la subsidence. Il s’agit donc de :
- Quantifier les taux de subsidence actuels, pour l’ensemble du littoral de la Côte d’Ivoire au Nigéria,
- En comprendre les causes afin de pouvoir réaliser des projections pour les prochaines décennies,
- Cartographier les zones les plus exposées.
Ces informations sont cruciales pour anticiper les risques d’inondation ou submersion et mettre en place des politiques publiques adaptées en terme de protection des populations, d’aménagement urbain ou d’exploitation des eaux souterraines.
Méthode
Un premier groupe de travail se consacre à l’évaluation des taux de subsidence actuels pour les grandes villes côtières et deltas du golfe de Guinée, grâce à l’analyse de mesures satellitaires sur plusieurs années. Les résultats permettront de déterminer dans quelle mesure la subsidence est déjà à l’œuvre dans certaines zones et d’établir des projections de montée relative du niveau marin. La combinaison de ces projections avec les données d’altitude permettra une une première cartographie des zones les plus exposées au risque de submersion dans les prochaines décennies.
Un deuxième groupe travaille spécifiquement sur le cas de la ville de Lagos, pour laquelle des analyses plus approfondies seront effectuées afin de comprendre les causes de la subsidence dans cette zone. Un modèle numérique permettant de simuler les processus à l’œuvre sera construit afin de réaliser des projections de la subsidence future selon différents scénarios. L’approche développée pour Lagos sera ensuite étendue à 3 ou 4 autres zones identifiées par le premier groupe de travail comme particulièrement exposées à la montée des eaux, grandes villes côtières ou deltas.
En parallèle, des événements de diffusion et partage des connaissances seront organisés régulièrement tout au long du projet afin de construire une communauté d’intérêt régionale autour de la problématique de la hausse relative du niveau marin.
Résultats
Les principaux résultats attendus sont des publications scientifiques, des bases de données accessibles en ligne et des rapports pour décideurs. Ils permettront d’alimenter les études de faisabilité et les plans d’adaptation face à la montée des eaux. Ils permettront en particulier de mieux anticiper les risques associés à la hausse relative du niveau marin donc de mieux calibrer les mesures de protection, mais également d’anticiper si certaines zones naturelles pourraient, à terme, ne plus pouvoir remplir leur rôle de protection.
La compréhension des causes de la subsidence permettra également d’identifier les leviers d’action publique autour desquels des projets d’investissement devraient se développer pour atténuer le phénomène. Enfin, le programme de recherche ENGULF permettra également d’amorcer et/ou de nourrir des dialogues de politique publique autour de la vulnérabilité côtière, favorisant ainsi l’émergence de projets d’adaptation.
Un premier webinaire, dans la série Conversations de recherche, a été organisé le 22 novembre 2023 pour partager l'état des connaissances sur la montée relative du niveau marin dans le golfe de Guinée. Le replay est disponible en anglais.
L'équipe de recherche ENGULF a ensuite organisé une série de trois webinaires pour présenter les principaux enseignements du projet. Les liens vers les replays (en anglais) sont disponibles ci-dessous.
- Session 1: "Sinking Shores, Rising Concerns: Coastal Land Subsidence and its Implications for the Future of Ghana's Volta Delta" (4 avril 2024). Prof. Kwasi Appeaning Addo et Dr. Selasi Yao Avornyo ont présenté leurs travaux de recherche, menés à l'université du Ghana.
- Session 2: "Insights into Increasing Land Subsidence along Nigeria's Gulf Coast" (2 mai 2024). Dr. Femi Ikuemonisan a présenté son travail de recherche mené à la Lagos State University of Education (LASUED, Nigeria).
- Session 3: "Unraveling Gulf of Guinea's land subsidence dynamics using InSAR post-processing insights". Dr. Roberta Boni a présenté son travail de recherche mené à la Scuola Superiore Studi IUSS de Pavie (Italie).
L'année 2024 s'est terminée avec un séminaire international au Ghana, qui s'est focalisé sur les enjeux liés à la subsidence des terres côtières. La vidéo récapitulative est disponible en cliquant ici.
Télécharger le rapport final (en anglais)
Retrouvez ci-dessous les publications de recherche réalisées dans le cadre d'ENGULF :
- Comment évaluer les risques d'inondation dans les zones côtières de basse altitude où on manque de données ? La précision des données sur l'élévation est déterminante (Editions Agence française de développement, avril 2024)
- A scoping study on coastal vulnerability to relative sea-level rise in the Gulf of Guinea: Coastal elevation and literature review (Editions Agence française de développement, juin 2023)
- A scoping review of the vulnerability of Nigeria's coastland to sea-level rise and the contribution of land subsidence (Editions Agence française de développement, juin 2023)
- Vulnerability of Ghana's coast to relative sea-level rise: A scoping review (Editions Agence française de développement, juin 2023)
- A scoping review of coastal vulnerability, subsidence and sea level rise in Ghana: Assessments, knowledge gaps and management implications (Quaternary Science Advances, octobre 2023)
- The contribution of coastal land subsidence to potential sea-level rise impact in data-sparse settings: The case of Ghana’s Volta delta (Quaternary Science Advances, juin 2024).
Contacts :
- Marie-Noëlle Woillez, chargée de recherche sur les impacts du changement climatique, AFD
- Marine Canesi, chargée de recherche, AFD